lundi 20 juin 2016

L'ami retrouvé, Fred Uhlman

Note : *****


Présentation de l'éditeur, Gallimard:


Agé de seize ans, Hans Schwarz, fils unique d'un médecin juif, fréquente le lycée le plus renommé de Stuttgart. Il est encore seul et sans ami véritable lorsque l'arrivée dans sa classe d'un garçon d'une famille protestante d'illustre ascendance lui permet de réaliser son exigeant idéal de l'amitié, tel que le lui fait concevoir l'exaltation romantique qui est souvent le propre de l'adolescence.

C'est en 1932 qu'a lieu cette rencontre, qui sera de courte durée, les troubles déclenchés par la venue de Hitler ayant fini par gagner la paisible ville de Stuttgart. Les parents de Hans, qui soupçonnent les vexations que subit le jeune homme au lycée, décident de l'envoyer en Amérique, où il fera sa carrière et s'efforcera de rayer de sa vie et d'oublier l'enfer de son passé. Ce passé qui se rappellera un jour à lui de façon tragique.

L'auteur :

Fred Uhlman naît en janvier 1901 à Stuttgart en Allemagne, dans une famille juive peu pratiquante. Au début de son adolescence éclate la Première Guerre mondiale, et avec elle, une crise métaphysique de l’auteur face à l’existence de Dieu. Déçu par la religion, il va ensuite l’être par sa patrie.
Après des études de droit au sein du lycée de Stuttgart, Uhlman s’installe comme avocat. Mais les tensions entre nazis et communistes se multiplient, l’antisémitisme grandit et en 1933, Hitler est élu au pouvoir. Uhlman quitte alors l’Allemagne pour Paris, avant de s’installer finalement en Angleterre.
À partir de 1940, il se consacre pleinement à ses deux passions : la peinture et l’écriture. C'est en prison que Fred Uhlman pratique pleinement sa passion pour la peinture puisqu'il est arrêté en raison de ses origines allemandes qui font de lui un parfait suspect. Une fois libéré de prison, il est naturalisé britannique.
En 1971 il publie L'Ami retrouvé, une autobiographie romancée. Il publie ensuite La Lettre de Conrad dans laquelle Hans reçoit une lettre de son ami expliquant pourquoi il a participé à un complot contre Hitler.
Il meurt le 11 avril 1985 à Londres.

Ma critique :

Il est rare que de petits livres comme celui-ci marquent le lecteur après une seule heure de lecture - je pense à la Métamorphose de Khafka, à le Joueur d'échec de Zweig ou encore Effroyables Jardins de Quint , et bien d'autres ...
Eh oui, L'ami retrouvé peut supporter ces comparaisons car sur la base d'une amitié entre deux allemands va se jouer beaucoup d'enjeux personnels, contrariés par les influences familiales et politiques.

Nous sommes en 1932, début de la montée au pouvoir d'Hitler et du nazisme et les idees phares du mouvement commencent à se rependre comme une "odeur de crottin" - acide et persistante. Mais nos deux héros, en plein adolescence, sont loin de se préoccuper de cet impact politique. Non, eux se délectent de la culture, la vraie, celle qui n'a pas de nationalités, ni de religion, en passant de Goethe à Baudelaire en passant par Tolstoï, en admirant ces grands auteurs comme les plus grands peintres ou encore les antiquités grecques ou latines.
L'adolescence a une fin qui se détermine par un retour à la réalité et là, dans notre contexte la réalité est absurde, injuste et incompréhensible mais elle aura raison de cette amitié infaillible que tout deux recherchait, adulait, exultait. Quoique ...

Ce livre est très intense dans sa lecture parce que dès le début on sait que notre narrateur a été profondément marqué, blessé par une amitié déçue. Cette intensité vient également du fait que les sentiments de Hans et Conrad vont parfois au delà de l'amitié, ils sont pris par une réelle passion quasi-amoureuse.
Ce livre fleure la nostalgie, la mélancolie, tant dans cette amitié perdue que dans ce pays qu'il a abandonné et même renié. Au gré des descriptions on ressent ce mal du pays qui bouleverse le narrateur et par son biais l'auteur.

Ce livre ravira les collégiens,lycéens et adultes dans l'approche de la 2nde guerre mondiale et les bouleversements humains au quotidien.


Quelques citations relevées :


Tout ce que je savais, c'est que c'était là ma patrie, mon foyer, sans commencement ni fin, et qu'être juif n'avait fondamentalement pas plus d'importance que d'être né avec des cheveux bruns et non des cheveux roux.
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"Ne me regarde pas avec ces yeux de chiens battus ! Suis-je responsable de mes parents ? Y suis-je pour quelque chose ? Me blâmerais-tu parce qu'ainsi va le monde ? N'est-il pas temps pour nous deux de faire preuve de maturité, de re noncer au rêve et d'affronter la réalité ? "
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Fiche technique :

Editeur: Gallimard            Date d'édition : 1978                122 pages


Pour aller plus loin :

La bande-annonce du film, réalisé par Jerry Schatzberg, en 1988

Quelques oeuvres de Fred Uhlman peintre




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