jeudi 16 juin 2016

2084, Boualem Sansal


Note : *****

Récompenses :
Académie Française - Grand Prix du roman - 2015 
Palmarès du meilleur livre de l'année, Magazine Lire - 2015

Présentation de l'éditeur, Gallimard:


L’Abistan, immense empire, tire son nom du prophète Abi, «délégué» de Yölah sur terre. Son système est fondé sur l’amnésie et la soumission au dieu unique. Toute pensée personnelle est bannie, un système de surveillance omniprésent permet de connaître les idées et les actes déviants. Officiellement, le peuple unanime vit dans le bonheur de la foi sans questions. 
Le personnage central, Ati, met en doute les certitudes imposées. Il se lance dans une enquête sur l’existence d’un peuple de renégats, qui vit dans des ghettos, sans le recours de la religion… 
Boualem Sansal s’est imposé comme une des voix majeures de la littérature contemporaine. Au fil d’un récit débridé, plein d’innocence goguenarde, d’inventions cocasses ou inquiétantes, il s’inscrit dans la filiation d’Orwell pour brocarder les dérives et l’hypocrisie du radicalisme religieux qui menace les démocraties.





Lisez un extrait



L'auteur :


Né le 15 octobre 1949 à Theniet El Had, petit village des monts de l’Ouarsenis, Boualem Sansal est un écrivain algérien d'expression française, principalement romancier mais aussi essayiste, censuré dans son pays d'origine à cause de sa position très critique envers le pouvoir en place. Il habite néanmoins toujours en Algérie, considérant que son pays a besoin des artistes pour ouvrir la voie à la paix et à la démocratie et vit à Boumerdès, près d'Alger. Il a fait des études d'ingénieur et un doctorat en économie.
Il était haut fonctionnaire au ministère de l'Industrie algérien jusqu'en 2003. Il a été limogé en raison de ses écrits et de ses prises de position.

Son premier roman,"Le serment des barbares", a reçu le prix du premier Roman et le prix Tropiques 1999. Son livre Poste restante, une lettre ouverte à ses compatriotes, est resté censuré dans son pays. Après la sortie de ce pamphlet, il est menacé et insulté mais décide de rester en Algérie. Un autre de ses ouvrages, Petit éloge de la mémoire est un récit épique de l'épopée berbère.
Boualem Sansal est lauréat du Grand Prix RTL-Lire 2008 pour son roman Le Village de l'Allemand sorti en janvier 2008.

En juin 2012, il reçoit le prix du Roman arabe pour son livre Rue Darwin, avec l'opposition des ambassadeurs arabes qui financent le prix. Le 13 juin 2013 l'Académie française lui décerne le grand prix de la Francophonie, doté de 20 000 euros.

En novembre 2015, il reçoit le Grand Prix du roman 2015 de l'Académie française pour son livre "2084".

Ma critique :

2084 est un roman post-apocalyptique où Boualem Sansal extrapole un monde qui se passe en Abistan, soumis à une une dictature religieuse, représenté par le dieu Yolah et son délégué Abi. Tous les hommes se ressemble par leur conduite, leur manière de pensée et même leur langue, instaurée par cette dictature.

On suit la pérégrination d'Abi, jeune homme tout juste sorti d'un sanatorium et qui a attendu de faits étranges qui l'amène à commencer à douter (ce qui est hors d'usage dans ce pays). En total ignorant, il va commencer à se poser des questions, à vouloir y trouver des réponses et à commencer à penser par lui-même, à avoir une liberté de conscience.
Il rencontre Koa, qui est un savant et donne des réponses "raisonnées", ou plus en adéquation avec ce qu'on lui a toujours appris mais la liberté de penser entraîne également des doutes chez lui.
Et on va les suivre dans leur questionnement, dans la révolte pour savoir si certains événements entendus existent. Pourquoi des caravanes disparaissent ? Y a-t-il un autre monde ? La Frontière, existe-elle? Où Mène-t-elle?
Qui est ce Démoc ou Dimoc, le bien, le mal ? Un mythe, une utopie, une réalité à atteindre ?

Boualem Sansal a une écriture précise, travaillée, très enrichissante par le fond et la forme. Au delà de son talent d'écrivain, de conteur, il nous pousse à réfléchir en mettant en exergue le conditionnement religieux, la pensée unique, le langage sommaire. Son message est clair : "Prenez conscience du danger des religions totalitaires et liberticides avant que ce livre ne soit une prophétie".


Quelques citations relevées :


Or voilà qu'ils étaient infiniment pluriels et si différents qu'au bout du compte chacun était un monde en soi, unique, insondable, ce qui d'une certaine façon révoquait la notion du peuple, unique et vaillant, fait de frères et de sœurs jumeaux. Le peuple serait donc une théorie, une de plus, contraire au principe d'humanité, tout entière cristallisée dans l'individu, en chaque individu. C'était passionnant et troublant. C'est quoi alors un peuple?.
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À la fin des fins régnera le silence et il pèsera lourd, il portera tout le poids des choses disparues depuis le début du monde et celui encore plus lourd des choses qui n'auront pas vu le jour faute de mots sensés pour les nommer.
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ILa religion fait peut-être aimer Dieu mais rien n'est plus fort qu'elle pour faire détester l'homme et haïr l'humanité.
                               
Fiche technique :

Editeur: Gallimard               Date d'édition : Aout 2015                 288 pages


Pour aller plus loin :




Boualem Sansal incité de la Grande Librairie pour son roman 2084

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