mardi 31 mai 2016

Les bonnes Moeurs, Timothée Gaget

Note : *****


Présentation de l'éditeur, Intervalles:

Tristan est un banquier d’affaires parisien habitué à jongler avec les tableurs Excel et à enchaîner les nuits blanches. Lorsqu’on l’envoie à Romorantin sauver une imprimerie de la faillite, il emménage au château du Valbrun, chez son grand-père avec qui il avait perdu tout contact.

Dans l’isolement solognot, une relation complexe se noue peu à peu entre le vieil aristocrate cyclothymique et le jeune financier désabusé. Mais les élections législatives approchent et un ambitieux conseiller municipal veut faire de la construction d’un collège de réinsertion la clef de voûte de sa campagne. Son préalable, l’expropriation des bois du Valbrun, divise bientôt le petit village du Loir-et-Cher en deux camps.

Tristan, accompagné d’un extravagant voisin anglais, est entraîné malgré lui dans cette guerre de tranchées entre la droite rurale et la gauche technocratique. Car derrière les arguments écologiques et politiques, deux conceptions de l’Homme et de l’animal s’affrontent.

Dans la solitude de la forêt, loin de la vie débridée qu’il mène à Paris, Tristan s’enfonce dans l’univers traditionnel et contemplatif de la chasse, où les préoccupations charnelles ne sont pas les moins pressantes et où une espèce protégée de coléoptère peut mettre à mal les plans les plus infaillibles.

Les Bonnes Mœurs est un roman initiatique, mordant et sensible, au rythme endiablé d’une harde fuyant la meute.

Aussi à l’aise dans la caricature du monde de la finance que dans l’évocation de la chute des derniers hobereaux catholiques, aussi vivant dans la peinture d’une orgie parisienne que dans celle d’une partie de chasse, Timothée Gaget s’amuse à entrechoquer des décors au sein desquels les aventures amoureuses et familiales s’entremêlent aux questions sociétales. Il secoue aussi vertement la vieille dichotomie nature/culture. Dans cet hymne à la forêt, il partage surtout une vision sensible et poétique du monde.

L'auteur :

Timothée Gaget est né à Tours en 1985.

Après des études de Droit à Paris et aux Pays-Bas, il travaille brièvement en Suède puis devient avocat.
Il exerce en droit pénal des affaires avant de quitter le Barreau de Paris en 2014 pour rejoindre une agence de communication, où il se spécialise en gestion de crise et en communication judiciaire.

Il est passionné de chasse et de politique.

Les Bonnes Mœurs est son premier roman.

Ma critique :

Notre narrateur évolue entre deux microcosmes, celui de la bourgeoisie parisienne et des chasseurs catholiques du centre de la France. Quelque soit le milieu, il dépeint, il croque avec sarcasme, avec une ironie acerbe les us, les coutumes, les préjugés, les intérêts égoïstes, égocentriques de ces petits bourgeois friqués,addicts de sexe, drogue, alcool, de sensations fortes ou des huguenots ancrés dans leurs traditions conservatrices, catholiques.

Le narrateur quant à lui s'épuise, se complaît dans ses milieux même s'il les critique, il va au bout de l’épuisement psychologique et physique dans son travail, dans ses soirées. De même, au milieu des intégristes chasseurs, il ne reste que spectateur en bouillant intérieurement des inepties de chacun. Mais, quelle tristesse dans ce personnage ! Il prend, il consomme mais il est vide à l'intérieur, à très peu de moments il est heureux, il prend plaisir à l'inverse de son grand -père qui lui profite de sa vie, de sa maison, ses champs, sa chasse sans notion pécuniaire.

J'ai beaucoup apprécié l'écriture de ce jeune auteur, les mots sont choisis avec justesse, un vocabulaire très varié, intelligent puisqu'il sait être cru lors des mondanités parisiennes et leurs excès et plus soigné, scientifique lors des parties de chasse ou des conflits politiques. Certes il y a des scènes de sexe très suggestives mais elles sont évoquées comme consommées cad rapidement, ardument, dans l'excès et non le plaisir. Cette écriture m'a fait penser à Beigbeder ou encore Despentes : direct et efficace.

Beau premier roman! Magnifique couverture !

Ce livre a été reçu dans le cadre d'une masse critique de Babélio. Merci à toute l'équipe, aux éditions Intervalles et à M.Gaget pour cette découverte !


Quelques citations relevées :

Peu importe qu'elle soit à la campagne, à la montagne ou en bord de mer, une maison de famille n'a de sens que si la famille s'y retrouve. Sa situation géographique n'est qu'accessoire, c'est l'émotion des souvenirs qui s'en dégagent qui fait sa beauté. Les générations y passent mais les pierres des murs et des tombes demeurent.
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L'ironie noire dévore les mélancoliques, l'ironie joyeuse nourrit les humanistes. Choisis la guerre ou la farce, mais pas le cynisme. Si tu te complais dans le cynisme, il te dévorera.
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Fiche technique :

Editeur: Intervalles                      Date d'édition : Mars 2016                   400 pages



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