dimanche 14 août 2016

Jacob, Jacob, Valérie Zenatti


Note : *****

Récompenses:

Prix Inter - 2015
Prix Méditerranée - Français - 2015

Présentation de l'éditeur, L'Olivier:

«Le goût du citron glacé envahit le palais de Jacob, affole la mémoire nichée dans ses papilles, il s’interroge encore, comment les autres font-ils pour dormir. Lui n’y arrive pas, malgré l’entraînement qui fait exploser sa poitrine trop pleine d’un air brûlant qu’elle ne parvient pas à réguler, déchire ses muscles raides, rétifs à la perspective de se tendre encore et se tendant quand même

Jacob, un jeune Juif de Constantine, est enrôlé en juin 1944 pour libérer la France. De sa guerre, les siens ignorent tout. Ces gens très modestes, pauvres et frustes, attendent avec impatience le retour de celui qui est leur fierté, un valeureux. Ils ignorent aussi que l’accélération de l’Histoire ne va pas tarder à entraîner leur propre déracinement.

L’écriture lumineuse de Valérie Zenatti, sa vitalité, son empathie pour ses personnages, donnent à ce roman une densité et une force particulières.



Lire un extrait



L'auteur :

Née à Nice en 1970, dans une famille juive, Valérie Zenatti a émigré en Israël à l’âge de 13 ans. Avec sa famille, elle a vécu à Beer-Sheva, ville du sud d'Israël. De 1988 à 1990, elle effectue son service militaire comme toutes les jeunes Israéliennes de son âge.

Elle revient en France pour y suivre des études d’histoire et d’hébreu (qu’elle a approfondi à l’Inalco). Elle est d’abord journaliste, puis passe le Capes pour devenir professeur d’hébreu, son premier poste est à Lille.

Son premier roman, Une addition des complications, a été publié en 1999. Une douzaine de titres ont suivi, dont Une bouteille dans la mer de Gaza, paru en 2005, qui a reçu une vingtaine de prix, a été traduit dans quinze pays, adapté au théâtre et par elle-même et le réalisateur Thierry Binisti pour le cinéma sous le titre Une bouteille à la mer, sorti en 2012 en France

Romancière, elle est l’auteur de En retard pour la guerre et Les Âmes sœurs (Éditions de l'Olivier, 2006 et 2010). Mensonges, paru en 2011, est un récit qui se fait l’écho de l’œuvre de Aharon Appelfeld, dont elle est par ailleurs la traductrice. En 2014 elle publie Jacob, Jacob qui est sélectionné pour plusieurs prix littéraires et qui sera récompensé en 2015 par le prix du Livre Inter.

Ma critique :

Jacob est le dernier garçon de la fratrie, et il a tout d'un ange : il n'use pas de la force, de la violence de regards durs pour perpétuer les traditions familiales tout aussi injustes que barbares. Non, Jacob est l'avenir, il est instruit, il parle l'arabe, le français et l'anglais, il est doux, aime les enfants et son pays.

Mais comme tous les français d'Algérie et d'ailleurs, il s'engage dans la 2nde guerre mondiale. Il quitte les paysages somptueux de Constantine, la chaleur des femmes de la famille et rencontre un groupe multi-ethnique, multi-religieux . Ensemble, ils remonteront de la Provence à l'Alsace pour repousser, tuer l'ennemi et sauver la France. Ils découvriront l'horreur de la guerre, la joie de la libération, l'amour, ...

Une partie du roman se concentre sur ces femmes de la famille : la grand-mère qui attend son petit dernier, va affronter seule la ville pour lui apporter un panier de victuailles, le voit dans son petit-fils ; la belle-fille qui ne cesse d'enfanter des filles, qui vit ses tragédies dans une solitude infinie et les petites filles. On y découvre surtout Camille, la cadette qui représente la jeunesse des années 60, la révolte de la femme, ce que les anciennes auraient rêvé faire, vivre pour elle-même.

Et enfin, la dernière partie qui aborde la guerre d'Algérie mais très sommairement ... (qui est pour moi le petit moins de cette lecture; j'aurais préféré un arrêt avant et un autre livre sur ce thème).

Encore un livre court mais intense, l'écriture de Valérie Zénatti est sensitive dans la description des paysages, des rues, des repas de familles, ... et psychologique dans la compréhension des mœurs des juifs d'Algérie tout en pudeur, nostalgie et amour.

Quelques citations relevées :

Pourtant, Monsieur Baumert leur avait dit que la poésie résiste à tout, au temps, à la maladie, à la pauvreté, à la mémoire qui boite, elle s'inscrit en nous comme une encoche que l'on aime caresser, mais les vers, ici, ne trouvent pas leur place, ils jurent avec les uniformes, sont réduits au silence par les armes.

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Par la grâce des mots de Jacob, du ton distingué qui les sculpte, des gestes souples qui l'accompagnent, l'appartement se transforme en château de Versailles et les deux femmes sont fascinées par la lumière qui inonde subitement la pièce, elles entrevoient une vie chimérique où les hommes parleraient aux femmes comme à des êtres précieux, dignes de respect et d'amour...

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Constantine, ocre et blanche, resserrée autour de son rocher,fière de son pont suspendu et des cinq autres ponts tendus autour d'elle,ville forteresse amoureuse des gorges qui la fendent en deux, disparaît brutalement au détour d'un virage, comme si elle n'avait jamais existé ailleurs que dans leurs jeux, leurs joies et leurs terreurs d'enfant.                                
     
           
Fiche technique :

Editeur: L'Olivier       Date d'édition : Aout 2014    168 pages


Pour aller plus loin :


Valérie Zenatti parle son livre

La part des flammes, Gaëlle Nohant

Note : *****

Récompenses:

Prix des lecteurs "Livre de poche" - 2016
Prix France bleu / Page des Libraires - 2015

Présentation de l'éditeur, Héloïse d'Orsmesson:

Mai 1897. Pendant trois jours, le Tout-Paris se presse rue Jean-Goujon à la plus mondaine des ventes de charité. Les regards convergent vers le comptoir n° 4, tenu par la charismatique duchesse d’Alençon.

Au mépris du qu’en-dira-t-on, la princesse de Bavière a accordé le privilège de l’assister à Violaine de Raezal, ravissante veuve à la réputation sulfureuse, et à Constance d’Estingel, qui vient de rompre brutalement ses fiançailles.

Dans un monde d’une politesse exquise qui vous assassine sur l’autel des convenances, la bonté de Sophie d’Alençon leur permettra-t-elle d’échapper au scandale ? Mues par un même désir de rédemption, ces trois rebelles verront leurs destins scellés lors de l’incendie du Bazar de la Charité.

Enlèvement, duel, dévotion, La Part des flammes nous plonge dans le Paris de la fin du XIXe au cœur d’une histoire follement romanesque qui allie avec subtilité émotion et gravité.



Lire le 1er chapitre



L'auteur :

Née à Paris en 1973, Gaëlle Nohant vit aujourd’hui à Lyon. Elle est lauréate avec Jennifer D. Richard (Bleu poussière) de l'édition 2007 de la Résidence du premier roman consacrée à la littérature fantastique. La Part des flammes est son deuxième roman après L’Ancre des rêves, 2007 chez Robert Laffont, récompensé par le prix Encre Marine. Elle est également l’auteur d’un document sur le rugby et d’un recueil de nouvelles.

Gaëlle Nohant se consacre à l’écriture depuis une dizaine d’années. Inspirée notamment par Dickens et par les écrivains victoriens, cette jeune femme qui construit le canevas de sa narration à partir d’une base documentaire importante, défend une littérature à la fois exigeante et populaire.

Ma critique :

Après le Moyen-Age, je me suis plongée dans cette histoire du XIXeme. Eh bien, si peu d'évolution dans les rapports humains, dans les conditions de la femme ...

Toutes les femmes de l'aristocratie française rêvent d'être au Bazar de la charité, fier étendard de la foi chrétienne, pour la grande majorité qui tient plus de l'apparat que d'une foi profonde et sincère. Mais pour Violaine de Raezal l'enjeu est autre, d'une part il s'agit d'honorer le vœu de son mari décédé mais également de pouvoir subvenir à ses besoins car sans mari, on est plus rien, et encore pire lorsque nos beaux-enfants nous haïssent. Alors lorsque la duchesse d'Alencon la prend son aile (tout comme la jeune Constance), elle se prend d'une amitié sincère et dévouée pour ses femmes qui cachent une blessure comme elle.

Tout ce beau monde est là et plus encore en ce jour funeste puisque le nonce sera présent. Peu après son départ, un feu se déclare et envahit tout le Bazar, emportant femmes, enfants, hommes, aristocrates comme petites gens.

Qui survivra à cette hécatombe ? Combien en resteront marqué à vie ? Comment peut-être exister dans cette société d'apparence avec les stigmates du feu ?
Heureusement, de véritables amitiés vont se nouer et faire s'élever les personnes fragiles mais humaines.

Gaelle Nohant utilise une plume classique, riche digne du 19ème siècle pour décrire cette époque ravagée par le paraître, régie par le christianisme où les dualités pauvre/aristocratie, hommes/femmes sont encore catégorisées en castres intouchables.


Un magnifique roman historique !

Quelques citations relevées :

- Jamais elle ne trouvera de mari. C'est fini, continua-t-elle, les larmes lui montant aux yeux.
- Peut-être la voudra-t-il encore, lui...
- Allons, il n'est pas stupide à ce point, rétorqua Amélie. 

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Quand elle entendait dire que les romans étaient de dangereux objets entre les mains d’une jeune fille, elle ne protestait plus. Puissants et dangereux, oui, car ils vous versaient dans la tête une liberté de penser qui vous décalait, vous poussait hors du cadre. On en sortait sans s’en rendre compte, on avait un pied dansant à l’extérieur et la cervelle enivrée, et quand on recouvrait ses esprits, il était trop tard.
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Violaine de Raezal se disait que s'il était un bonheur possible sur cette terre, on ne pouvait y accéder qu'en laissant mourir certaines choses en soi. Toutes ces choses lourdes et encombrantes qui étaient un grenier plein d'objets cassés et poussiéreux que l'on osait mettre au rebut, mais qui arrêtaient la lumière.                                  
       
             
Fiche technique :

Editeur: Heloïse d'Ormesson         Date d'édition : Mars 2015    496 pages


Pour aller plus loin :


Gaelle Nohant présente son livre


Gaelle Nohant interviewée lors du Salon de Saint-Maur en 2016



N’hésitez pas à aller son site et son café littéraire 

Du domaine des murmures, Carole Martinez

Note : *****

Récompenses:

Prix Goncourt des lycéens - 2011
Prix des lecteurs de Corse -  2012
Prix des lecteurs des écrivains du Sud - 2012
Prix Marcel Aymé - 2012

Présentation de l'éditeur, Gallimard:


En 1187, le jour de son mariage, devant la noce scandalisée, la jeune Esclarmonde refuse de dire "oui" : elle veut faire respecter son vœu de s'offrir à Dieu, contre la décision de son père, le châtelain régnant sur le domaine des Murmures. La jeune femme est emmurée dans une cellule attenante à la chapelle du château, avec pour seule ouverture sur le monde une fenestrelle pourvue de barreaux. Mais elle ne se doute pas de ce qui est entré avec elle dans sa tombe... Loin de gagner la solitude à laquelle elle aspirait, Esclarmonde se retrouve au carrefour des vivants et des morts. Depuis son réduit, elle soufflera sa volonté sur le fief de son père et ce souffle l'entraînera jusqu'en Terre sainte.

Carole Martinez donne ici libre cours à la puissance poétique de son imagination et nous fait vivre une expérience à la fois mystique et charnelle, à la lisière du songe. Elle nous emporte dans son univers si singulier, rêveur et cruel, plein d'une sensualité prenante.



Feuilletez le livre



L'auteur :

Carole Martinez est née en 1966, elle a vécu la majeure partie de sa vie en Moselle.

"Le cœur cousu" est son premier roman, il lui a valu à Saint-Malo en 2007 le troisième prix Ouest-France Étonnants Voyageurs. Le souffle lyrique et la force poétique de ce premier roman aux allures de conte ont séduit les dix jeunes jurés.

En 2011, elle publie "Du domaine des murmures" qui remporte un succès critique et public, il est récompensé par le Goncourt des lycéens. Son récit prend vie au Moyen-Âge en Franche-Comté, au sein du château de Hautepierre aussi l'ouvrage reçoit en 2012 le prix Marcel Aymé décerné par le conseil régional de Franche-comté.... 

Ma critique :

Pour échapper à un mariage arrangé, Esclarmonde dit préférer se consacrer à Dieu et se fait emmurée. Commence alors une longue fable sur le devenir de la femme, sur la foi, sur la violence des hommes.

Carole Martinez, sous des airs mystiques met à mal la foi, en donnant à son héroïne quelques airs de Marie et donnant des explications bien réelles à tous ces "miracles qu'elle rencontrera, qu'elle engendrera".
Alors que l'auteur parle avec douceur et poésie de la maternité, de l'attachement, elle est également capable de violence dans ses propos lorsque évoque la croisade.

J'ai aimé ce livre emprunt de Moyen-Age sans nous envahir du langage, des expressions de l'époque. Elle a su être parcimonieuse dans l'utilisation de son savoir et ses recherches. Et son écriture est poétique, vraie, violente et acerbe.

Une belle découverte qui me pousse à lire d'autres œuvres.

Quelques citations relevées :


Je n'avais pas menti, je m'étais contentée de taire une vérité que personne n'avait envie d'entendre et mon silence avait offert un espace blanc à broder, un vide dont chacun s'était emparé avec délice.    

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Entre le sommet et l'abîme, il n'y a qu'un pas et la chute menace ceux qui tentent de grimper trop vite, trop haut. La chute ou le gibet !
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Et moi, j’étais entrée dans ma cellule comme en un navire, j’y avais essuyé des tempêtes, abordé des terres inconnues, j’y avais tout perdu et tellement espéré. Comment pouvait-on tant apprendre, tant changer, tant souffrir, tant vieillir, en si petit espace ? 
  Je n'avais pas menti, je m'étais contentée de taire une vérité que personne n'avait envie d'entendre et mon silence avait offert un espace blanc à broder, un vide dont chacun s'était emparé avec délice.                                       
                     
Fiche technique :

Editeur: Gallimard         Date d'édition : Aout 2011    208 pages


Pour aller plus loin :



Carole Martinez présente son livre


Carole Martinez est interviewée au salon du livre de Colmar en 2012


La passe-mirroir, tome 2 : Les disparus du ClairdeLune, Christelle Dabos

Note : *****


Présentation de l'éditeur, Gallimard:

Fraîchement promue vice-conteuse, Ophélie découvre à ses dépens les haines et les complots qui couvent sous les plafonds dorés de la Citacielle. Dans cette situation toujours plus périlleuse, peut-elle seulement compter sur Thorn, son énigmatique fiancé ? Et que signifient les mystérieuses disparitions de personnalités influentes à la cour ? Sont-elles liées aux secrets qui entourent l’esprit de famille Farouk et son Livre ?
Ophélie se retrouve impliquée malgré elle dans une enquête qui l’entraînera au-delà des illusions du Pôle, au cœur d’une redoutable vérité.



Feuilletez le livre



L'auteur :

Christelle Dabos est née en 1980 sur la Côte d'Azur. Elle commence à gribouiller ses premiers textes sur les bancs de la faculté et se destine à être bibliothécaire quand la maladie survient.

L'écriture devient alors une seconde nature, notamment au sein de Plume d'Argent, une communauté d'auteurs sur Internet.

Elle décide de relever son premier défi littéraire grâce à leurs encouragements et devient ainsi la grande lauréate du Concours du premier roman jeunesse.

Christelle Dabos vit en Belgique.

Ma critique :

Dans ce 2ème tome, on suit Ophélie dans les méandres de la cour au plus près de Farouk où il faut exister pour survivre. Notre héroïne va donc prendre de l'ampleur, de l'assurance où tantôt elle passe d'un rôle de Molière à celui de Sherlock Holmes. En effet, dans ce tome, on est confrontés à une enquête policière mêlée de magie : Mais où sont-donc passer les disparus ? Pourquoi ces personnes-là précisément ?

Le fil rouge du 1er tome se déroule encore : Que recèle ce Livre ? Sera-t-il lu ? Qu'en ressortira-t-il ?
Et qui est Dieu, qui ponctuait le 1er tome et dont on découvre un peu plus ses intentions dans ce 2ème ?

Le personnage de Thorn prend toute son humanité dans ce tome : on y découvre l'homme, l'enfant, le fils et l'amoureux. Alors que son impopularité auprès des nobles augmente, le respect, l'amitié d'Ophélie à son encontre ne va qu'aller en se développant. Jusqu'où ? Et le mariage aura-t-il lieu ? quelles conséquences lors de l'union de leurs pouvoirs ?

Ce 2ème tome est tout aussi riche en référence du 17eme siècle, de fantastiques. J'ai encore apprécié son écriture, son intrigue, son monde à elle mais j'ai trouvé l'enquête policière un peu longue et étais aussi déçue par cette lecture du Livre que le Roi Farouk.

Vivement le 3ème tome pour voir ou nous mènera Christelle Dabos dans la suite de ses aventures et ce qu'elle nous réserve autour du Dieu, et de cette création du monde ...

Quelques citations relevées :

Il en allait toujours ainsi avec elle : plus elle avait le cœur gros et plus sa tête était vide.

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Vous m’avez voulu honnête avec vous. Vous apprendrez donc que vous n’êtes pas pour moi qu’une paire de mains. Et je me contrefiche que les gens me trouvent douteux, du moment que je ne le suis pas à vos yeux. 
                                         
                       
Fiche technique :

Editeur: Gallimard Jeunesse         Date d'édition : Octobre 2015     560 pages

Pour aller plus loin :



Découvrez la chronique de Ellie Livre



Mais aussi celle de Des livres et des loutres



Et n'oubliez pas d'aller sur les sites :  La passe-miroir et le Facebook 

lundi 25 juillet 2016

La dame au petit chien, Anton Tchechov

Note : *****


Présentation de l'éditeur, Librio:


Comme deux oiseaux migrateurs enfermés dans des cages séparées... Gourou et la dame au petit chien sont faits l'un pour l'autre. Leur amour est violent, brûlant. Et pourtant si douloureux... Pourquoi a-t-elle déjà un mari ? Et lui une femme ? Pourquoi doivent-ils se cacher, vivre comme des voleurs ?

Comme la vie dont ils se contentaient naguère leur semble aujourd'hui médiocre, étriquée ! Et comme ils voudraient s'en affranchir! Mais pourront-ils briser ces chaînes qui les retiennent ? Assumer leur bonheur? Vivre enfin?



Accès au livre



L'auteur :


Anton Pavlovitch Tchekhov ou Tchékhov1 (en russe : Антон Павлович Чехов2), né le 29 janvier (17 janvier) 1860 à Taganrog (Russie) et mort le 15 juillet 1904 à Badenweiler (Allemagne), est un écrivain russe, principalement nouvelliste et dramaturge.

Tout en exerçant sa profession de médecin, il publie entre 1880 et 1903 plus de 600 œuvres littéraires ; certaines pièces souvent mises en scène à l'heure actuelle — La Mouette, La Cerisaie, Oncle Vania — font de lui l’un des auteurs les plus connus de la littérature russe, notamment pour sa façon de décrire la vie dans la province russe à la fin du XIXème siècle.


Ma critique :

Première nouvelle que je lis de cet écrivain russe.

L'histoire et la thématique est semblable à beaucoup d'autres du 19eme siècle : la rencontre qui changera notre vie, l'amour, la passion.

Je ne suis pas émerveillée par sa plume ni par ses personnages. Je n'ai pas été embarqué dans cette aventure frivole.

Quelques citations relevées :

Dans cette constance, dans cette indifférence complète à la vie et à la mort de chacun d'entre nous, se dissimule peut être le gage de notre salut éternel, du mouvement continu de la vie sur terre, de la perfection continue.
                       
Fiche technique :

Editeur: Librio          Date d'édition : 1996 (1899)   122 pages

Pour aller plus loin :



Extrait video de la pièce de Claude Merle


Extrait du film "Les Yeux Noirs" tiré de la dame au petit chien


Bon rétablissement, Marie-Sabine Roger

Note : *****


Présentation de l'éditeur, Babel:

"Depuis que je suis là, le monde entier me souhaite bon rétablissement, par téléphone, mail, courrier, personnes interposées. Par pigeons voyageurs, ça ne saurait tarder. Bon rétablissement. Quelle formule à la con!" "Veuf, sans enfants ni chien", Jean-Pierre est un vieil ours bourru et solitaire, à la retraite depuis sept ans. Suite à un accident bien étrange, le voilà immobilisé pendant des semaines à l'hôpital. Il ne pouvait pas imaginer pire. Et pourtant, depuis son lit, il va faire des rencontres inattendues qui bousculeront son égoïsme...

Avec sa verve habituelle et son humanisme, Marie-Sabine Roger nous offre une nouvelle fois une galerie de portraits hauts en couleur. C'est un tableau doux-amer qu'elle peint de l'hôpital, avec l'humour et le sens de la formule qui la caractérisent, et qui ont fait le succès de ses deux précédents romans, La tête en friche et Vivement l'avenir.



Lire un extrait



L'auteur :

Née à Bordeaux en 1957, elle commença à écrire à partir de sa 4ème.
Marie-Sabine Roger a été institutrice en maternelle pendant dix ans, avant de se consacrer entièrement à l’écriture.

Son talent est aussi appréciable dans la littérature jeunesse (albums, romans) où elle a publié une centaine de livres, souvent primés que dans la littérature adulte. Elle rencontre régulièrement enfants, adolescents et adultes dans les primaires, collèges, bibliothèques et IUFM.

Elle maîtrise aussi bien l’humour que la gravité et aime confronter les genres et les registres.

Elle obtient le Prix Inter-CE 2009 et le Prix CEZAM 2009 pour "La tête en friche" (éditions du Rouergue).
Son roman "Bon rétablissement", prix des lecteurs de l'Express 2012, a été adapté au cinéma en 2013 par Jean Becker.
Dans les prairies étoilées, son dernier roman, est paru en mai 2016 aux éditions du Rouergue. 

Ma critique :

Un homme d'une soixantaine d'année se retrouve coincé sur son lit d'hôpital après avoir été repêché dans la Seine.
Si c'était un roman policier, on se demanderait qui lui en voudrait autant pour le renverser et le laisser pour mort, mais c'est un roman plutôt humaniste.
On va alors se demander pourquoi ce monsieur est si seul dans sa vie , à part son frère qui vient le visiter, et un ami de longue date ? Pourquoi cette jeune fille erre dans les couloirs et s'attache à lui ? Pourquoi le jeune Camille est obligé de tapiner pour payer ses études ?

Voila, ce roman court pose des questions de fraternité, d'intérêt pour l'autre, l'écoute sans jugement, ...

Même si je n'ai pas trouvé les personnages si passionnants que ça, ni les sentiments qui voulaient en ressortir, j'ai tout de même apprécié cette lecture car cette auteure a une plume simple, et très drôle surtout.

Un petit mot sur l'adaptation cinématographique : il est rare que celle-ci équivaut au roman, eh bien, dans ce cas-ci c'est le cas. Peut-être justement parce que le roman se base plus sur des dialogues ou des échanges mail et moins sur de la psychologie et du questionnement interne.
Un bravo à l'acteur jouant Camille, il fait preuve une ampleur que celui-ci n'a pas dans le roman.

Quelques citations relevées :

Hier soir, elle m'a dit :
- Elle est marrante, cette gamine, à venir vous tenir compagnie, comme ça. On dirait qu'elle s'est attachée, non ?
"Attachée", ça me fait penser à une platée de riz dans le fond d'une poêle.
Compact, collant, collé, difficile à enlever.
Oui, pas de doute : elle est très attachée.

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Une maladresse qui vient du cœur se pardonne plus volontiers qu'un silence confortable. Elle s'oublie plus vite également.
                                           
                         
Fiche technique :

Editeur: Actes Sud, Babel           Date d'édition : Avril 2015     224 pages

Pour aller plus loin :

Découvrez la chronique de Gérard Collard


et la bande annonce du film


jeudi 21 juillet 2016

Les ombres de Kervadec, Eric Le Nabour

Note : *****


Présentation de l'éditeur, Presses de la Cité:


Avril 1913. Une jeune femme étrange est engagée comme domestique au château de Kervadec, en pays bigouden... Qui est-elle et que cache-t-elle ?
Lorsque Elise Jouvet entre au service de la comtesse de Kervadec, elle s'attire aussitôt l'animosité des domestiques. Secrète, ne révélant rien de son passé, dotée d'un don de guérisseuse, elle tisse des liens d'amitié avec sa maîtresse, une femme malade et fragile. Celle-ci est persuadée qu'une malédiction plane sur sa famille et, insidieusement, jette Elise dans les bras de son mari Lucien.
En 1914, celui-ci part à la guerre. La comtesse meurt en faisant d'Elise sa légataire. Dès lors, les haines se conjuguent pour faire de sa vie un enfer...

Un roman magistral et envoûtant qui entretient le mystère autour de deux femmes et qui plonge le lecteur dans les croyances profondes de la Bretagne.


L'auteur :


Né en 1960 à Caen, Eric Le Nabour a commencé à écrire dès l'enfance et publié son premier livre, Charles X, le dernier roi, à l'âge de dix-neuf ans.

Diplômé et passionné d'histoire, il est l'auteur d'une quarantaine d'ouvrages – romans, biographies et récits – ainsi que de nombreux articles pour des revues (Historia, Chroniques de l'Histoire, Le Spectacle du monde).

Chroniqueur au journal normand Liberté, il a également collaboré à l'émission « Les Voyageurs de l'Histoire » sur France 2 avec Alain Decaux et Jacques Martin.



Ma critique :

Moi qui voulait un livre respirant l'air iodé de la Bretagne, je suis quelque peu déçue. Les descriptions sont plates, à part quelques bruyères par-ci par là, des ajoncs et l'odeur des sardines, l'atmosphère est terne.

L'intrigue en elle-même peut être intéressante même si on reste dans des histoires à l'eau de rose mais bon un effort peut être fait entre Jane Eyre et Harlequin, il y a de la marge tout de même.

Très déçue ... je m'arrête là, je n'aime pas écrire de mauvaises critiques ..

Quelques citations relevées :

C'est ça qui me touche dans ce pays bigouden pourtant si replié sur lui-même, si peu accessible encore à ce qu'on appelle "le modernisme" : la foi simple, la droiture de ses habitants. Même démunis, ils demeurent dignes, ne se plaignent jamais et se tiennent droits face à la vie.
                                           
                           
Fiche technique :

Editeur: Presses de la Cité           Date d'édition : Mars 2009     348 pages



vendredi 15 juillet 2016

Le joueur, Fédor Mikaïlovitch Dostoïevski



Note : *****


Présentation de l'éditeur, Librio:

Le jeu brûle tout. Il est la passion. Il est le rêve. L'enfer et la démesure. Le révélateur des abîmes de l'âme et l'ignoble concentré de la comédie bourgeoise. Il est l'argent!

Autour de ses tapis, le général déchu se fait l'esclave du marquis et attend le décès de la richissime Baboulinka, sa tante. Hypothèques... Héritages...Intrigues... Corruption morale sur fond de bonnes manières. Qui donc résistera à ce tourbillon de folie?

Dans ce désordre furieux, Alexis succombe à son tour au cancer du jeu. Le jeune précepteur veut séduire l'intraitable Pauline, belle-fille de son employeur. Il est pauvre et doit devenir riche. Il veut surprendre et se tuerait pour ça.

Sur Roulettenbourg, ville d'eau paisible, souffle le vent du gâchis. Une tempête frénétique emportant les derniers fétus d'une vieille Europe en lambeaux...





L'oeuvre



L'auteur :


Fédor Mikaïlovitch Dostoïevski naquit à Moscou en 1821, la même année que Flaubert et Baudelaire. A cette période, en Russie, la production littéraire se concentre autour de Pouchkine (qui meurt en 1837) et de Gogol (qui meurt en 1852).

Pour situer le contexte politique, on peut notamment expliquer que la Russie connait sa première vague de contestation démocratique portée par l'aristocratie libérale contre l'absolutisme de Nicolas Ier ; en 1825, un complot est découvert et la rébellion est étouffée. C'est l'Affaire des Décembristes.

Après des études d'ingénieur à Saint-Pétersbourg, Dostoïevski se consacre à la littérature tout en participant à des réunions clandestines de libéraux (où il s'initie à la doctrine de Fourier et au socialisme utopique), qui s'insurgent contre le régime autocratique des tsars. Arrêté en 1849, il est envoyé dans un bagne de Sibérie pendant cinq ans. A sa libération, il se remet à écrire intensément et entreprend de nombreux voyages en Europe, ce qui lui permet d'avoir un panorama très large sur son temps, et d'acquérir une solide culture générale (il avait traduit Eugénie Grandet de Balzac en 1843), malgré ses graves difficultés d'argent.

C'est en 1865 que paraissent Crime et Châtiment, et Le Joueur. Puis, c'est au tour de l'Idiot en 1868, l'Eternel Mari en 1870, Les Frères Karamazov en 1879, et le Discours sur Pouchkine l'année suivante.

Il meurt en 1881.


Ma critique :

Le joueur fait partie de ces livres "petit mais costaud" qui en une centaine de pages développe tant de sentiments, dévoile tant de l'être humain et des vices de l'aristocratie du XIXème siècle.

Dostoïevski dresse un portrait peu flatteur des mœurs bourgeoises européennes de cette époque ; tout n'y ait qu'hypocrisie, quête d'argent, de statut, manipulation des uns, discrimination des autres, ...

Et au milieu la passion qui les anime, passion amoureuse et passion du jeu ; passion qui pousse à la folie, à la psychose. Laquelle sera la plus dangereuse pour l'Homme ? Laquelle supplantera l'autre ?

On ressent dans ce court roman le mépris qu'il a pour les populations françaises, allemandes, polonaises qui ne vivent que pour l’argent alors que les russes vivent de passion, certes, destructrices.

Ecrit en 27 jours, ce court roman n'est pas le meilleur mais on y retrouve la plume descriptive des personnages si propre à Dostoïevski. Le joueur est plus ou moins autobiographique car Dostoïevski a lui aussi été repoussé par une femme et a sombré longtemps dans le jeu.

Quelques citations relevées :

Quand un pareil tempérament s'engage dans une telle voie, il n'en peut plus sortir ; c'est un traîneau lancé sur une pente de glace : toujours plus vite, plus vite, jusqu'à l'abîme.
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L'homme est despote et la femme est bourreau. Vous, particulièrement, vous aimez beaucoup à torturer.
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J’aime mieux me vautrer comme un Russe, ou m'enrichir à la roulette. Je ne veux pas, moi, devenir un Hoppe et Cie dans cinq générations. Moi, l'argent, je le veux pour moi-même, et je ne me considère pas comme une part indispensable et indivisible du capital
                             
Fiche technique :

Editeur: Plon           Date d'édition : 1887     120 pages


Pour aller plus loin :

Lecture du livre




Bande-annonce du film de Claude Autant-Lara

D'après une histoire vraie, Delphine De Vigan

Note : *****

Récompenses:
Prix Renaudot - 2015
Prix Goncourt des lycéens - 2015

Présentation de l'éditeur, Seuil :


"Ce livre est le récit de ma rencontre avec L. L. est le cauchemar de tout écrivain. Ou plutôt le genre de personne qu'un écrivain ne devrait jamais croiser."

Dans ce roman aux allures de thriller psychologique, Delphine de Vigan s'aventure en équilibriste sur la ligne de crête qui sépare le réel de la fiction. Ce livre est aussi une plongée au cœur d'une époque fascinée par le Vrai.





Lisez un extrait



L'auteur :

Delphine de Vigan est romancière. Elle est notamment l’auteur de No et moi (Prix des Libraires 2008, adapté au cinéma par Zabou Breitman), des Heures souterraines (adapté pour Arte par Philippe Harel), de Rien ne s’oppose à la nuit (Prix Fnac, Grand prix des lectrices de Elle et Prix Renaudot des lycéens) et de D'après une histoire vraie pour lequel elle a reçu le Prix Renaudot 2015 et le Goncourt des lycéens. Ses livres sont traduits dans le monde entier.

Ma critique :

Je suis assez troublée, désorientée au sortir de ce roman et ce sentiment m'a tenu durant toute la lecture. Non pas par l'intrigue, par l'ambiance schizophrénique mais par une sensation de voyeurisme que j'ai ressentie. Vous me direz : "Mais non justement, puisque ce n'est pas autobiographique ! ", et pourtant ! Même si dès le départ on sait que c'est une fausse auto biographie agrémentée de faits, de personnes réels, j'ai eu cette impression de s'immiscer dans sa vie, de la voir sombrer, se faire envahir, se perdre et d'en être spectateur.

Après l’écriture est travaillée, les réflexions autour des écrivains, de la litterature, de l'ecriture, de la lecture, des attentes, ... sont profondes et très intéressantes. J'ai vraiment apprécié cette lecture malgré ce malaise déjà évoqué.

Et puis, je ne suis pas d'accord avec la vision de L. : "Les gens voulaient que cela ait eu lieu, quelque part, que cela puisse se vérifier. Ils voulaient du vécu. " Non, moi je suis comme Delphine, j'ai besoin que les histoires m’intéressent, me bouleversent, me passionnent. Je peux m'identifier, avoir de l'empathie pour des personnages fictifs, bien plus que pour des personnages réels.
Donc, encore une fois vous me direz : "C'est exactement cela ce livre!". Et pourtant !

Alors cela signifie qu'elle a réussi à semer un telle confusion dans mon esprit qu'elle mérite ce Renaudot parce qu'elle est vraiment talentueuse.
Mais je n'aime pas souffrir psychologiquement quand je lis, c'est pour cette raison d'ailleurs que je ne lis aucun témoignage.

Quelques citations relevées :

-Tu sais, ce qui m’intéresse, ai-je poursuivi, c'est de comprendre de quoi nous sommes constitués, fabriqués. Par quelle opération nous parvenons à assimiler certains événements, certains souvenirs, qui se mélangent à notre propre salive, se diffusent dans notre chair, quand d'autres restent comme des cailloux coupants au fond de nos chaussures.
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De quoi crois-tu que sont faits les écrivains ? Regarde-toi, regarde autour de toi ! Vous êtes le produit de la honte, de la douleur, du secret, de l'effondrement. Vous venez de territoires obscurs, innommés, ou bien vous les avez traversés. Des survivants, voilà ce que vous êtes.
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Il lui était difficile d'ailleurs de terminer un livre pour en commencer un autre, chaque fois elle se sentait coupable, coupable d'abandon, telle une amante volage, indécise, qui rompt avant de se lasser.
                               
Fiche technique :

Editeur: JC Lattès            Date d'édition : Août 2015     484 pages


Pour aller plus loin :


Invité sur le plateau C a vous Delphine parle de son livre


et elle est même invité au 20 heures, plutôt rare pour un écrivain :


A suivre :

Le roman de Delphine de Vigan, D'après une histoire vraie, sera adapté au cinéma par Roman Polanski et Olivier Assayas.

Après No et moi adapté en 2010 par Zabou Breitman, c'est donc le deuxième roman de Delphine de Vigan qui verra le jour au cinéma.

mercredi 13 juillet 2016

Petit Piment, Alain Mabanckou

Note : *****


Présentation de l'éditeur, Seuil :


Jeune orphelin de Pointe-Noire, Petit Piment effectue sa scolarité dans une institution placée sous l’autorité abusive et corrompue de Dieudonné Ngoulmoumako. Arrive bientôt la révolution socialiste, les cartes sont redistribuées. L’aventure commence. Elle le conduira notamment chez Maman Fiat 500 et ses dix filles, et la vie semble enfin lui sourire dans la gaieté quotidienne de cette maison pas si close que ça, où il rend toutes sortes de services. Jusqu’à ce que ce bonheur s’écroule. Petit Piment finit par perdre la tête, mais pas le nord : il sait qu’il a une vengeance à prendre contre celui qui a brisé son destin.

Dans ce roman envoûté et envoûtant, l’auteur renoue avec le territoire de son enfance, et sait parfaitement allier la naïveté et la lucidité pour nous faire épouser le point de vue de ses personnages.





Lisez un extrait



L'auteur :
Alain Mabanckou, romancier, poète, est né au Congo-Brazzaville en 1966. Après avoir vécu en France pendant une quinzaine d’années, il réside maintenant aux Etats-Unis où il fut d’abord invité comme écrivain en résidence en 2002. Il est professeur de « Creative Writing » et de littérature francophone à l’université du Michigan-Ann Arbor.
Il est l’auteur de cinq romans, plusieurs recueils de poèmes, ainsi que de nouvelles.
Il a reçu en 1995 le prix de la Société des Poètes Français ; en 1998 le Grand Prix littéraire de l’Afrique noire.
Verre Cassé, roman paru au Seuil en janvier 2005, a été finaliste du prix Renaudot 2005, et récompensé par trois distinctions : Le Prix du roman Ouest-France Etonnants Voyageurs 2005, Le Prix des Cinq Continents de la Francophonie 2005, Le Prix RFO du livre 2005.
Mémoires de porc-épic, paru au Seuil en 2006, a reçu le Prix Renaudot 2006.

Ma critique :

Petit Piment est le surnom de notre petit protagoniste, qui le doit à une épreuve de bravoure dont il a fait preuve pour sauver l'honneur de son "frère de sang".
Moïse est également son surnom parce que son nom est imprononçable, lui qui pourtant en est si fier. Comme Moïse, il sera abandonné par sa mère mais la comparaison s'arrête là, il n'aura pas le même destin. A l'inverse, il rencontrera abandon sur abandon, certains subits, d'autres provoqués : sa mère, le prêtre de l'orphelinat, Bonaventure, ...(je ne vais pas tout révéler tout de même). Il partira pour chercher une meilleure vie à Pointe Noire mais à l'inverse il vivra dans l'insécurité, la misère jusqu'à la folie.

Je suis sortie frustrée de ce livre parce que Mabanckou possède une plume poétique, sensible, caustique mais qui s'éparpille au fur et à mesure de la lecture. certes, notre Moïse tombe dans la folie et comme il est narrateur, le style changeant, direct, court se veut en adéquation avec son esprit, mais du coup, j'ai été déçue de la faible description et du survol de sa vie dans les bas fonds de la ville.

J'aurai aimé ressentir, apprécier sa vision des événements aussi bien sur la politique générale que dans ses descriptions de luttes ethniques, de pouvoir népotique et despotique, de la corruption à petite échelle.

Quelques citations relevées :

- En tant que directeur je vire qui je veux et j’embauche qui je veux !
- Et grâce à ce pouvoir discrétionnaire vous avez donc embauché six gardiens qu sont en fait des membres directs de votre propre famille ? ironisa un des contrôleurs.
- Je l'ai fait en toute légalité !
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... cet établissement était un endroit où on avait regroupé des mômes dont personne ne voulait parce que lorsqu'on aime quelqu'un, lorsqu'on veut de quelqu'un, on le sort, on se promène avec lui, on ne l'enferme pas dans un ancien bâtiment comme s'il était en captivité.
                                 
Fiche technique :

Editeur: Seuil            Date d'édition : Août 2015     288 pages


Pour aller plus loin :


Invité sur le plateau La Grande Librairie, Alain Mabanckou parle de son livre